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Jean-Paul Rogues : La Taillide, Un pĂȘcheur en Haute-Loire

  • chroniqueslitterai
  • 21 mai 2021
  • 2 min de lecture


Jean-Paul Rogues, La Taillide, Un pĂȘcheur en Haute-Loire

« Un monde presque libre
 »

Comment ce monde a-t-il pu naĂźtre et renaĂźtre, sous les pas puis sous la plume d’un pĂȘcheur ? Reflets d’argent, libellules et truites, soleil dans l’eau, temps irisé  Émergence miraculeuse, estivale, qui, de l’aube Ă  la nuit, permettra d’échapper Ă  la vie telle qu’elle va (mal). La Taillide est la cĂ©lĂ©bration d’un microcosme fragile et puissant qui autorisera, par l’eau, l’air et la lumiĂšre, le retour Ă  soi. Le don cyclique Ă  quelques initiĂ©s :


« Ma vie pouvait subir toutes les mutations, connaĂźtre l’usure, les dĂ©sastres moraux, la rĂ©alitĂ© pouvait me paraĂźtre illicite et inacceptable, il me restait toujours le dĂ©sir de descendre les gorges de l’Allier, en plein Ă©tĂ©, en plein soleil, en plein centre de ce qui me semblait une Ă©ternelle naissance, l’image mĂȘme de la vie, alors que je croyais avoir tout perdu. »


« Toujours est-il que nous ne dormions pas »


L’espace de la Taillide est sans rapport avec l’ataraxie : l’entrĂ©e dans l’eau est un moment de contrĂŽle, d’attention extrĂȘme Ă  ce qui entoure, au monde exigeant des roches, des herbes et des courants. De plus, le petit royaume auquel prĂ©tend le pĂȘcheur n’est pas exempt des paradoxes de la prĂ©dation : « Il s’agissait de rester Ă  sa place, de ne pas exagĂ©rer, il me fallait convaincre chaque riviĂšre de m’accueillir pour lui prendre quelque chose »


Ce monde naturel est par miracle aussi, celui d’une humanitĂ© retrouvĂ©e : noms de pays, noms de personnes, communautĂ© de ceux qui pĂȘchent ou de ceux qui vivent, simplement, dans le pays de Haute-Loire. On y prend le butin autorisĂ© de la pĂȘche, mais aussi un peu de vĂ©ritĂ©, un peu d’identitĂ© - Ă©chappant Ă  un arriĂšre-plan universitaire et amer, rĂ©gi par la « soumission gĂ©nĂ©rale ». L’écriture, alerte et translucide, s’impose.


Alors, les riviĂšres et les ruisseaux dessineront ce monde auquel on appartient vraiment ; oĂč la coĂŻncidence avec soi devient possible, dans une nĂ©gociation douce et vigilante : « le sable avec l’eau, les rochers avec les herbes, la berge avec des vairons et les grenouilles, la menthe avec le limon. » Pour trouver sa petite place, harmonieuse et fluide, dans l’évidence de ce qui est.


Jean-Paul Rogues, La Taillide, Un pĂȘcheur en Haute-Loire, Éditions Hauteur d’Homme, Val-prĂšs-Le-Puy, 2020.


Gwenaëlle Ledot.


Jean-Paul Rogues, La Taillide, Un pĂȘcheur en Haute-Loire,



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